En 1864, l’inspecteur d’académie des Côtes-du-Nord signale au préfet l’absence d’école primaire à Minihy-Tréguier (alors que la commune compte 1575 habitants). Le Fichant, maire de Minihy-Tréguier jugeait encore en 1870 qu’il serait "infructueux" de créer une école "aux portes même de Tréguier" et proposait de placer les deux tiers des "élèves indigents1" à l’école des Frères de la doctrine chrétienne à Tréguier (Frères de Lamennais) et l’autre tiers à celle de Langoat avec l’instituteur. Le conseil municipal est "persuadé que par ce moyen, on arrivera facilement et surtout commodément à procurer l’instruction gratuite à tous les enfants indigents de la commune"2. Trente-huit enfants – uniquement des garçons3 - sont admis gratuitement à l’école primaire de Minihy-Tréguier dirigée par les Frères de l’Instruction chrétienne selon la liste établie pour l’année 18794.
En octobre 1880, il n’y a toujours pas d’école pour les filles à Minihy-Tréguier en dépit de la loi du 10 avril 18675 rappelée par l’inspecteur d’académie au maire. L’argument avancé par le conseil municipal réuni sous la présidence de monsieur de Roquefeuil, maire, est : "que la commune de Minihy est formée de plusieurs villages éloignés du centre communal dont les enfants fréquentent les écoles de Langoat et de Tréguier et ne se rendraient pas, à cause de la distance, à l’école qui serait établie au bourg ; que le bourg est très peu important comme agglomération et qu’il est impossible d’y trouver une maison présentant les conditions requises pour l’installation d’une école". De son côté, le sous–préfet "serait d’avis de créer, au lieu d’une école municipale, plusieurs écoles de hameau dans les villages les plus peuplés qui composent la commune"6. En novembre 1880, il est proposé que mademoiselle Martin, "institutrice libre" devienne "institutrice communale". Il est également proposé que l’école libre de Lann-Gazou [Langazou] puisse être érigée en "école publique".
En septembre 1893, mademoiselle Le Berre, institutrice à Minihy-Tréguier décrivait l’école mixte de Minihy-Tréguier à l’inspecteur d’académie comme un "local loué pour 200 francs", "une classe obscure, humide, sur sol en terre battue, très incommodante, longue, étroite. Au-dessus se trouve mon habitation composée d’une petite cuisine et d’une chambre à coucher mal aérée et sans cheminée. […] Au dehors, j’ai dû, à mes frais, faire installer des cabinets pour les garçons et pour les filles, faire arranger et sabler la cour, clôturer le jardin, etc.7". La situation demeure inchangée jusqu’en 1897 au moins, au point que le sous-préfet écrit à son supérieur pour lui demander de mettre en demeure la commune de "fournir un bureau pour la maitresse et d’effectuer les réparations locatives auxquelles elle est tenue et que réclame d’ailleurs le propriétaire de la maison d’école8".
L’institutrice appelle le 6 octobre 1893 à "l’attention de l’administration sur l’état de cette commune du point de vue scolaire". Elle écrit : "La commune n’a jamais rien fait pour son école, au point qu’un certain nombre de parents ignore même son existence. Elle compte d’ailleurs 1332 habitants, et n’est pas dépourvue de ressources. […] Dans ces conditions, il y a lieu, à mon avis de dédoubler l’école mixte de cette commune, conformément aux prescriptions de la loi du 30 octobre 1886, article 11, paragraphe 4, et de mettre la commune en demeure de pourvoir, dans le délai d’un an, par voie d’achat ou de construction à l’installation d’une école de garçons et une école de filles distinctes9".
En 1897, le conseil municipal propose la transformation de l’école mixte en "école de garçons" et la création d’une "école spéciale de filles". Les garçons fréquentent l’école de Langazou. Si la population est de 1 332 habitants, 130 garçons et 135 filles sont "d’âge scolaire".
La construction du "groupe scolaire" par la commune de Minihy-Tréguier à Kerguyomard en 1906-1907 est connue par des documents conservés aux archives départementales des Côtes-d’Armor. Selon le Recensement de population de 1906, la commune compte 165 écoliers pour 1183 habitants.
Le conseil municipal signale en 1924 qu’il n’y aurait seulement "qu’une quinzaine d’élève" et explique "qu’une seule institutrice suffit grandement pour un nombre aussi restreint". Vingt ans après la loi interdisant l’enseignement à toutes les congrégations et la Loi de séparation des Églises et de l'État, le conseil municipal de Minihy-Tréguier ne semble toujours pas favorable à l’enseignement publique.
Tableau des effectifs de l’école primaire de Minihy-Tréguier
1er décembre 1924 : 30 élèves
1er décembre 1923 : 35 élèves
1er décembre 1922 : 40 élèves